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Bonjour à tous,

Je suis arrivé à Santiago hier, mercredi 15 décembre, vers 17h30 après une étape relativement longue de 38 km. J'en suis très heureux et fier. L'entrée dans la ville puis à la cathédrale fut assez émouvante. Aujourd'hui, après le rituel habituel et après m'être receuilli sur la tombe du saint apôtre, j'ai été à la messe des pèlerins à midi. L'évèque qui célébrait la messe a souhaité la bienvenue à un pèlerin venu à pied de Belgique. Ensuite j'ai été pris dans un tourbillon de retrouvailles. J'ai été particulièrement heureux de retrouver Stefan, le pèlerin allemand que j'avais quitté au pied des pyrénées.

Après juste un peu moins de quatre mois et 2400 kilomètres il me faudra un peu de temps pour me faire à l'idée que c'est fini. Mais, par Santiago rien ne se termine, tout commence, m'avait dit une amie juste avant mon arrivée, car en effet maintenant c'est le vrai pèlerinage qui (re)commence, celui de la vie. Un père de l'église a dit : "Allez de commencement en commencement, par des commencements qui n'ont pas de fin.". J'aime beaucoup cette phrase et c'est un peu ce que ressentais en arrivant, comme si un commencement se terminait, et je pense déjà à un autre qui se profile..

Je n'ai pas grand chose à ajouter aux bulletins que j'ai envoyés lors de mon périple, certains dans des moments d'euphorie d'autres dans des moments difficiles. Que dire de plus ? Sinon qu'après ces quatre mois sur la route je me sens riche d'une formidable expérience, que j'ai des souvenirs et des images plein la tête, pour le reste de ma vie. Je suis riche aussi des rencontres faites sur la route, notamment avec des gens dont je ne connais même pas l'adresse. J'ai rencontré beaucoup de souffrances également, j'y ai été très sensible : des gens seuls, des gens mal physiquement, des gens en perdition dans leur vie. Ca m'impressionne. Personnellement je pense que la souffrance n'est pas vaine.

Ce qui m'impressionne aussi c'est la solitude vertigineuse que j'ai éprouvée au long des quatres mois, et surtout à quel point j'ai aimé cette solitude. Ce sera quelque chose de difficile pour après je pense, de perdre cette solitude.

Si on demande à un pèlerin ce qui l'a poussé à partir, souvent il répond "Pour me trouver moi-même", et si il est croyant il ajoute "Pour rencontrer Dieu". Se trouver soi-même, c'est important bien sûr, mais avec le recul je me dis que, plus que de me trouver moi-même, ce pèlerinage m'aura aidé à me "guérir" de moi-même, c'est-à-dire de me guérir de ce moi superficiel qui empêche d'accéder à quelque chose de plus profond. Sur la route on est confronté à l'essentiel et souvent j'ai eu l'impression de vivre. Vivre pleinement et aussi de vivre dans le moment présent. J'ai aussi retrouvé sur le chemin une joie de vivre que je n'éprouvais plus que rarement dans la vie habituelle, j'espère que je pourrais la garder.

Quant à trouver Dieu, je dois dire que la réponse est négative, mais finalement peut-être que c'est la recherche qui compte, et aucun endroit n'est autant propice à cette recherche que le chemin. Et puis c'est Pascal je crois qui a dit que personne ne part à la recherche de Dieu si il ne l'a pas déjà trouvé. Car en effet on ne part pas à la recherche de quelque chose qu'on ne connait pas déjà un peu...

Alors voilà c'est tout. Enfin en attendant le prochain pèlerinage, car j'espère et je crois qu'il y en aura un. Même si je risque de devoir attendre la retraite pour ça, ce qui me laissera le temps de le préparer et d'y rêver. Ce sera peut-être Rome. Ou si j'ai le courage de me mettre au Russe, j'irai à Saint Petersbourg. Ou peut-être la route de Paris - Tours pour aller à Lourdes.

Maintenant je vais penser à toutes les lettres que je dois envoyer pour remercier les gens qui m'ont accueilli, ensuite je vais regarder les possibilités de retour. Je voudrais revenir en train, car le train c'est comme la marche, c'est monotone et on s'ennuie, et moi quand je m'ennuie j'ai l'impression de vivre !. Plus tard je ferai un site web, avec les photos.

Pour finir un grand merci à tous pour les encouragements que j'ai reçus. Je crois que le fait d'être sur la route, déconnecté du monde, et puis aussi tout les mails ainsi que les messages sur le forum, je crois que tout cela m'a incité à me livrer sans trop de retenue. Tant pis ou tant mieux, je ne sais pas.

Alors pour la toute dernière fois je vous souhaite à tous une bonne route. Que le Saint apôtre Jacques vous garde, et bien sur, puisque nous sommes tout pèlerins sur cette terre : Ultreia !! comme on dit entre pèlerins.