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Après 7 jours de marche je suis arrivé à Reims. Les premiers jours je baignais dans leuphorie : la sensation de liberté, le plaisir de larguer les amarres, bref le bonheur. Et puis je discutais avec les gens sur la route (cest incroyable comme on attire la sympathie avec un gros sac à dos), je devais parfois refuser de prendre un verre. Par contre les deux derniers jours jai souffert : la fatigue, trouver un logement tout les soirs, le poid du sac... Maintenant je suis à Reims, je prends un jour de repos et demain je repars plein sud vers Vézelay.
A Charleroi jai traversé une immense banlieue, jai vu une église (Saint Christophe) ou il y a une énorme fresque avec des scènes de lApocalypse. Jai logé au sud de Charleroi chez les béatitudes, la maison était complète à cause dune très grosse retraite mais ils mont casé dans un réduit.
De là je croyais arriver à Chimay en un jour mais je navais pas réalisé que ma carte avait une autre échelle et cétait plus de 50 km, avec la pluie et le vent de face. Je me suis arreté à mi-chemin, un curé super sympa ma donné la salle paroisiale. Le lendemain, à Virelle, je suis entré dans une petite église avec un intérieur baroque magnifique, et un vieux curé y célèbrait la messe tout seul. En fait cétait un missionaire au Congo qui se reposait dans sa famille et il célèbrait la messe pour lui même. Il était enchanté davoir une assistance. A Chimay (à labbaye de la Trappe) jai été reçu par le frère Jacques qui est un personnage unique. Les communautés religieuses sont vraiment une bénédiction pour le pèlerin (notamment à Soleilmont ou la soeur m'a fait un pic-nique géant qui a duré trois jours).
Ensuite je suis entré en France, jai traversé des grandes forêts de chênes d'Ardennes. Le garde chasse mavait mis en garde contre un sanglier réputé dans le coin (je crois quil plaisantait). Jespérais trouver un presbytère pour me refugier la nuit mais en France il ny a plus de curés, alors jai demandé au maire et il ma laissé dormir dans les vestiaires du stade de foot. Le lendemain la même chose, je me suis arrêté à 25 km de Reims et le maire ma donné les clés des vestiaires. Jai monté ma tente sur le terrain, histoire de lessayer (elle est vraiment toute petite).
Je suis arrivé à Reims par une départementale secondaire, en passant par un beau village appellé Bourgogne. A 10 km de Reims je voyais déjà la cathédrale, un peu comme la vision de la Jérusalem célèste de lApocalypse. Jétais trop fatigué pour la visiter vraiment, je vais le faire maintenant. Je suis hébergé par les clarisses dont le couvent est au Sud de Reims.
Dun point de vue spirituel jai beaucoup pensé à une phrase dEdith Stein qui dit que le sens de lêtre humain est de marier le ciel et la terre. Je dois dire que les derniers jours cest surtout ma partie terrestre que je sens : jai mal partout ! Je réalise quun pèlerinage cest comme la vie : on souffre beaucoup et on se demande pourquoi. Pourtant on continue, il faut bien avancer, on a pas le choix. Je crois aussi quarrivé au Puits-en-Velay (dans un mois) ce sera plus facile car je naurai plus le stress du logement. Je suis tombé aussi sur une phrase qui dit que si on va au bout du monde on trouvera partout des traces de Dieu mais si on va au fond de soi-même on trouvera Dieu. Voilà de quoi méditer les prochains jours.
Pour la nourriture je mange du pain avec du saucisson, des melons, des pommes, des bananes, des biscuits et des snickers. Il ny a pas de magasins dans les petits villages, je dois prendre des réserves mais du coup le sac devient fort lourd. En fait c'est le seul point noir, j'ai mal aux épaules à cause de ce foutu sac :-).
Cest tout pour linstant.
Ultreia ! comme on dit entre pèlerins (ça veut dire " En avant " je crois). Après Reims je ne sais pas quand jaurai encore accès à un cyber café mais jenverrai de temps en temps un SMS.