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Le Don paisible, Mikhaïl Cholokhov, 2005-07-30, 4.5 étoiles
Un roman fleuve
Le Don Paisible est une gigantesque fresque historique (1400 pages bien serrées dans l'édition omnibus), une grandiose épopée qui m'a tenue en haleine pendant un mois !
Le livre couvre huit ans de l'histoire des cosaques de la région du Don, de 1912 à 1920 : la première guerre mondiale, la guerre civile russe, la révolution et la contre-révolution, les insurrections des cosaques contre les soviets. C'est passionnant et les personnages sont excessivement attachants. La grandeur humaine y côtoie les instincts les plus bas. Il y a des scènes de batailles sauvages, des évocations superbe de la nature ainsi que de femmes sensuelles aux grands yeux noirs et aux lèvres charnues. Il y a des scènes de bonheur familial, mais aussi de la passion et de la jalousie.
Une restriction : les batailles sont trop nombreuses et certaines scènes sont très dures (massacres de prisonniers par exemple). En outre les mouvements de troupes et les énumérations des stanistavas et divisions sont parfois lassants. Il est vrai que le lecteur occidental de maintenant ne connaît pas suffisamment l'histoire des cosaques que pour s'y retrouver, à tel point que parfois on ne sait plus de quel côté les personnages se battent. Un autre exemple : l'auteur mentionne un moment le sanguinaire contre-révolutionnaire Petlioura, mais sans rien dire de lui (je connaissais le nom grâce à "la garde blanche" de Boulgakov que je vous conseille fortement). En fait le roman n'est jamais aussi bon que lorsque le héro revient au village et quand l'auteur évoque les scènes de champ et la nature.
Les cosaques forment un peuple fascinant, un peuple de guerriers avant tout et sauvages aux combats mais il y a des côtés plus sympathiques : leur manière de boire de l'alcool par exemple. Et puis un grand amour de la nature, un attachement profond à la steppe, aux chevaux,...ces combattants passaient des journées à cheval, s'arrêtant pour dormir à même le sol.
Reste la polémique quand à la paternité du roman, apparemment celle-ci n'est pas terminée même si on aurait en effet retrouvé des brouillons écrits par Cholokhov (voir le forum). Le livre, sans être carrément anti-communiste, décrit les rouges de façon peu avantageuse surtout par rapport au héro qui combat les soviets. Il parait que Staline aimait ce livre, peut-être est-ce pour ça qu'il a protégé l'auteur. C'est parait-il aussi parce que Staline aimait le livre "La garde blanche" de Boulgakov que ce livre ne fut pas censuré, contrairement aux autres de cet auteur.
Ce qui est sûr c'est que si il a vraiment écrit ce roman, l'auteur était un grand écrivain. Mais il m'est néanmoins moins sympathique que Boulgakov. Boulgakov a souffert pour ses convictions tandis que Cholokhov a eu le prix Nobel, est devenu un membre assez rigide du parti communiste et était protégé par Staline, ce qui me semble-t-il cadre mal avec la personnalité du héro du Don Paisible (qu'on ne peut s'empêcher imaginer être celle de l'auteur), un héro qui n'a guère a faire des idéologies et qui désire simplement vivre en cosaque libre.
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