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Manifeste du Parti communiste, Karl Marx, Friedrich Engels, 2004-01-12, 4.0 étoiles

Prolétaires de tous les pays, unissez-vous!

Marx et Engels écrivirent ce manifeste du parti communiste en 1847, à la demande du parti réuni en assemblée à Londres. Il s'agissait de faire connaître le programme communiste et d'opposer une base théorique et un programme au pouvoir politique qui percevait le communisme comme "un spectre qui hante l'occident".

Ecrit il y a plus de 150 ans il n’en reste pas moins étonnamment d’actualité sur certains points. Il vaut vraiment la peine d’être lu surtout qu'il est tout à fait abordable (pas besoin d'avoir fait des études de sciences politiques). Il est disponible sur internet sur quantité de sites, mais aussi dans la belle collection mille et une nuits.

L'idée principale qui sous-tend la théorie de Marx et Engels est celle de la lutte de classes. Le manifeste commence d'ailleurs par ces mots : « L'histoire de toute société jusqu'à nos jours n'a été que l'histoire de luttes de classes ». A l'époque de Marx et Engels, cette lutte de classes a atteint un paroxysme. L’ancienne organisation féodale qui n’était plus adaptée au développement de l’industrie a été balayée par la bourgeoisie (les capitalistes) et la société est divisée en deux camps ennemis : la bourgeoise et le prolétariat.

Selon les auteurs la bourgeoisie contient en elle les germes de sa propre destruction. Surproduction et diminution de la valeur du travail (qui souffre de la concurrence des machines) impliquent la paupérisation croissante d’une masse de prolétaires de plus en plus importante. Cette masse s’organise et se prépare à la lutte inéluctable qui conduira à la destruction de la bourgeoisie.
« Mais la bourgeoisie n'a pas seulement forgé les armes qui la mettront à mort; elle a produit aussi les hommes qui manieront ces armes, les ouvriers modernes, les prolétaires. A mesure que grandit la bourgeoisie, c'est-à-dire le capital, se développe aussi le prolétariat, la classe des ouvriers modernes qui ne vivent qu'à la condition de trouver du travail et qui n'en trouvent que si leur travail accroît le capital. Ces ouvriers, contraints de se vendre au jour le jour, sont une marchandise, un article de commerce comme un autre; ils sont exposés, par conséquent, à toutes les vicissitudes de la concurrence, à toutes les fluctuations du marché »

Le but du communisme est le renversement de la bourgeoisie et la conquête du pouvoir politique par le prolétariat. Dans une phase préliminaire il faut que le prolétariat s’érige en classe dominante, afin de détruire l’ancien régime de production et par ce fait supprimer l’antagonisme entre les classes. A terme disparaîtra totalement la notion de classe ce qui est le but ultime. A coté de la suppression des classes, l'autre principe fondamental est la suppression de la propriété privée. Dans le capitalisme, le travail de l’ouvrier ne sert qu’à augmenter la valeur du capital, un capital qui l’asservit et qui ne lui appartient pas. L'appropriation du capital est basée sur l’exploitation d’une classe par une autre. Suppression de la propriété privée donc mais également abolition de l'ancienne morale et des valeurs traditionnelles de la bourgeoisie (famille, religion).
« Vous êtes saisis d'horreur parce que nous voulons abolir la propriété privée. Mais, dans votre société, la propriété privée est abolie pour les neuf dixièmes de ses membres. C est précisément parce qu'elle n'existe pas pour ces neuf dixièmes qu'elle existe pour vous. Vous nous reprochez donc de vouloir abolir une forme de propriété qui ne peut exister qu'à la condition que l'immense majorité soit frustrée de toute propriété. En un mot, vous nous accusez de vouloir abolir votre propriété à vous. En vérité, c'est bien ce que nous voulons. »

Le manifeste se termine par cet appel à la révolution percutant : « Les communistes ne s'abaissent pas à dissimuler leurs opinions et leurs projets. Ils proclament ouvertement que leurs buts ne peuvent être atteints que par le renversement violent de tout l'ordre social passé. Que les classes dirigeantes tremblent à l'idée d'une révolution communiste ! Les prolétaires n'y ont rien à perdre que leurs chaînes. Ils ont un monde à y gagner. Prolétaires de tout les pays, unissez-vous ! »

Voilà un très bref résumé de ce texte qui est par ailleurs fort court et qui se doit d’être lu. Evidemment sa lecture suscite la réflexion. Je me permets d’ailleurs quelques considérations plus personnelles au risque d'entamer la polémique. En particulier je me pose la question du pourquoi de l’échec d’une doctrine qui avait des côtés fondamentalement bons, comme la suppression de la propriété privée et la suppression des classes sociales. Peut-être que le besoin de dominer et d’asservir son prochain est trop profondément enraciné dans l’homme ? Par ailleurs il me semble aussi que les auteurs n’avaient pas prévu l’émergence d’une classe moyenne importante et qui a rendu un peu caduque la notion de lutte de classes (et cela est à l’actif du capitalisme). Cependant même s'il est exact qu’on ne peut plus parler de domination d’une classe par une autre, j’ai le sentiment que nous sommes maintenant tous devenus esclaves de la société de consommation, ce qui n’est pas tellement mieux ! Et au lieu de l’antagonisme capitaliste – prolétaire on peut parler maintenant d’un antagonisme entre ceux qui travaillent (et qui ont tout les avantages liés au travail) et les chômeurs.

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