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Les chemins parcourus, Edith Wharton, 2005-04-25, 3.5 étoiles
Portrait impersonnel
Edith Wharton allie intelligence, érudition et un génie incontestable pour la fiction. Elle me fascine. Auteur prolifique, elle a créé nombres d'oeuvres romanesques amusantes, d'apparence légères mais qui ne le sont pas toujours, par exemple lorsqu'elle parle du tragique de la destinée humaine prise entre des aspirations contraires. Elle allie un talent de conteuse avec une érudition hors pair et une prescience de l'âme humaine. On se retrouve toujours un peu dans ses histoires.
Je me faisais une fête de la découvrir dans son autobiographie. Malheureusement elle ne s'y dévoile pas du tout, les aspects intimes sont écartés (que ce soit son mariage raté, ses amours,..). Il reste la façade, celle de la femme érudite et passionnée d'art et de beau (architecture, littérature). Elle a d'ailleurs débuté sa carrière d'écrivain avec des ouvrages d'architecture et de voyages.
Le premier chapitre de cette autobiographie, ses souvenirs d'enfance, est le plus réussi. On découvre une petite fille sensible et intelligente, dévoreuse de livre, assoiffée de beauté et qui ne peut partager sa vie intérieure intense avec personne. Sur ses livres et leur création elle nous dit peu et c'est bien dommage. Heureusement il y a un chapitre brillant sur la création littéraire ou elle raconte comment ses personnages de fiction s'imposaient à elle, avec un nom. Un nom qu'elle ne pouvait pas changer, sous peine de perdre le personnage ! A la lire on a l'impression que parfois les personnages lui dictaient leur histoire.
Ensuite pendant de longs chapitres son autobiographie prend les allures d'un carnet mondain : elle cite une quantité invraisemblable de gens brillants avec lesquelles elle avait en commun la passion du beau et de la conversation. Parmi ceux-ci Henry James occupait une place très importante, mais il y a aussi Roosevelt avec qui elle était intime. Une anecdote amusante : le choc lorsqu'elle découvre Proust et le plaisir qu'elle a eu à le faire découvrir à Henry James, surtout que Proust mettait à mal les théories assez rigides de James sur le roman. Elle parle beaucoup de ses voyages aussi. Edith Wharton était une aventureuse dans l'âme. J'ai souri en lisant qu'elle avait fait le pèlerinage de Compostelle.
Pendant la guerre de 1914 elle se trouve bloquée à Paris et elle prendra en main un centre de la croix rouge d'aide aux réfugiés auquel elle donne un essor important, grâce à ses relations en Amériques. C'est un autre aspect sympathique de cette grande dame.
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