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Dialectique du Moi et de l'inconscient, Carl-Gustav Jung, 2005-01-07, 4.5 étoiles

Une école de vie ?

L’œuvre de Jung c’est un peu comme un grand labyrinthe. Au début on se perd mais ensuite, au fil des livres, on finit par se repérer, on s’habitue au langage abscons, les notions nous deviennent familières.

Ce livre est essentiel pour comprendre Jung et éventuelle faire sienne sa vision de l’âme humaine, mais c’est un ouvrage avancé, il ne s’adresse pas à celui qui ne sait pas encore si il veut oui ou non entrer dans ce grand labyrinthe.

On le sait Jung distingue dans la personnalité psychique le Moi (notre partie consciente), l’inconscient personnel (en gros le « dépotoir de la conscience » de Freud, mais pas seulement) et surtout l’inconscient collectif (qui est un apport spécifique de Jung). Il met en outre en avant deux éléments dont il nous faut prendre conscience pour parvenir à nous « arracher du collectif » : la Persona (notre masque social) et l’anima (animus). Après ce rappel, Jung explique dans ce livre les avantages et les dangers de la confrontation avec son inconscient, et nous donne quelques pistes (voire une technique) pour y parvenir tout en nous mettant en garde contre les dangers de cette confrontation.

On peut voir l’anima et la persona comme des complexes psychiques plus ou moins autonomes. Tout ce passe comme si le Moi partageait constamment le devant de la scène avec ces complexes autonomes que sont la Persona et l’Anima (l’Animus chez la femme) qui, en gros, dans ses bons côtés correspond à l’âme. Le sujet de ce livre, et c’est ce qui m’a profondément passionné, c’est la confrontation (en fait « Dialectique ») qui doit s’engager entre le Moi et ces autres aspects de nous-même. Une confrontation qui n’est pas sans danger mais parfois peut être une nécessité. Ce livre aborde également largement le cœur de la pensée de Jung, le processus d’individuation, c’est-à-dire la réalisation de son « Soi ».

Après ce bref aperçu je ne peux pas faire mieux que de dire que cet ouvrage est très riche, et qu’il ne saurait être question d’en faire un résumé ici, d’autant plus que la pensée de Jung est très complexe et que je suis loin de la maîtriser. Par contre je peux dire que par moment la pensée de Jung me captive, réellement, comme lorsqu’on voit écrit noir sur blanc des « choses » qui nous « habitent », bref c’est excessivement intéressant de voir son propre vécu « documenté » par un scientifique. Dans ce livre je suis tombé sur des intuitions qui m’impressionnent profondément.

Je me dis en lisant ce livre que le véritable courage de l’homme c’est d’affronter ses contenus inconscients. En particulier, pour l’homme qui risque à tout moment de rester sous l’emprise de son anima ou de succomber à son charme, de « dissoudre » cet anima dans la conscience. Evidemment pour cela il faut d’abord prendre conscience de son anima, car il ne saurait être question de prendre au sérieux quelque chose dont on n’est pas conscient. Jung nous encourage même à le personnifier afin d’entamer un dialogue avec lui.

Freud avait reproché à Jung de s’éloigner de la psychanalyse pour fonder une école de sagesse. Après tout pourquoi pas ? Le lecteur d’obédience jungienne trouvera en effet dans ce livre une véritable école de vie, il peut même y trouver un sens à la vie qui est celui de l’Individuation, la découverte de son « Soi », un processus long et douloureux (car il faut pouvoir s’assumer totalement) qui implique un glissement de la personnalité vers un nouveau centre.

Un livre qui s’adresse aux personnes qui s’intéressent à Jung et qui le connaissent déjà et bien sûr qui sont ouverts à leur intériorité. J’imagine que pour les autres, ce livre (tout comme ma critique), doit passer pour du charabia.

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