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Middlemarch, George Eliot, 2012-11-01, 5.0 étoiles

Embarquement pour la province anglaise

Comme Augustin, je suis totalement séduit par Dorothéa, personnage inoubliable. J'ai aimé Mary aussi, ainsi que l'impulsif Ladislaw. Je me suis attaché à Lydgate et malgré tout je ne suis pas parvenu à ne pas m'attacher à son épouse Rosamund. Tout ces gens ont été mes proches pendant les quelques semaines de cette lecture qui restera inoubliable. George Eliot fait une analyse très détaillée et fine de la vie provinciale anglaise : les rites sociaux, les rivalités, les ambitions et les intrigues,.. Les personnages sont très finement analysés, nous sommes convoqués au tribunal intérieur qui se joue dans la conscience de chacun d'eux, mais comme spectateur et non pas comme juge.

Certain passages sont formidables, ainsi le lent travail à l'intérieur de la conscience de Bulstrode, pour s'absoudre de ses méfaits. Il en vient à invoquer cette sorte d’idole qu'est la Providence : puisqu'il est riche, c'est la preuve que Dieu bénit ses actions. Et voila comment on étouffait ses scrupules, en invoquant la "Providence". Et on continue maintenant, ou les riches se disculpent des inégalités en rejetant la faute sur les pauvres.

Comme souvent dans ces portraits croisés, les bons sont mis en opposition aux mauvais, ce qui peut donner un caractère machiavélique. Il n'en est rien ici car on voit la faiblesse de certains personnages à travers le regard fondamentalement bon de Dorothéa ou du révérend Farebrother, et on en vient à les prendre en pitié de leurs errements. L'auteur s'attache beaucoup sur les relations dans le couple, par contre l'aspect charnel de la relation est totalement tu, la question de la "vitalité" de l'érudit Causabon est laissée à l'imagination du lecteur.

Un petit passage significatif du style de l'auteur, celui qui décrit un des combats que se livrent le bien et le mal dans la conscience du riche banquier :

"Conflit étrange et pitoyable dans l'âme de ce malheureux, qui aspirait depuis des années à être meilleur qu'il n'était... qui avait discipliné ses passions égoïstes et les avait revêtues de robes austères, si bien qu'elles marchaient à ses côtés tel un choeur de dévots, jusqu'à ce jour où la terreur se répandait parmi elles, où elles ne pouvaient plus psalmodier, mais lançaient d'une seule voix leur appel au secours."

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