Les vingt jours, Jean Tulard, 2011-11-19, 4.0 étoiles

Une tranche d'histoire

Petit rappel historique : Napoléon avait été vaincu par la coalition alliée et avait abdiqué en Avril 1814. Il avait été exilé à l'île d'Elbe tandis que la France remet un roi sur son trône, Louis XVIII. A la stupéfaction de tous, Napoléon va sortir de son île en mars 1815, il prend la route de Paris ou il arrive en vingt jours ("le vol de l'Aigle de clocher en clocher"). Sur son chemin, il est acclamé par le peuple (les paysans et les ouvriers) et finalement c'est toute l'armée qui fera volte-face et se mettra au service de l'empereur.

L'auteur donne des pistes pour expliquer ce revirement de l'opinion en faveur de Napoléon : l'arrogance de la noblesse qui n'avait pas compris les aspirations du peuple, l'anachronisme du clergé qui était tout à fait contre l'esprit du temps, les humiliations subies par les populations du fait des puissances alliées,.. j'ai trouvé son analyse très intéressante. Mais l'angle privilégié par Jean Tulard est de s'intéresser au cas de conscience des protagonistes principaux dans cet histoire, choisir entre le roi ou Napoléon. Chaque préfet de France, ministre, maréchal, homme politique en vue (Taleyrand, Fouché) doit se décider, mettant sa carrière en jeu dans le choix. La défection la plus célèbre, qui donne lieu à une scène somptueuse dans le film Waterloo de Bondartchuk, est celle du brave des braves, le maréchal Ney qui annonce le revirement complet de l'armée.

Un épisode de l'histoire passionnant. Tout comme SJB, je dois avouer que j'ai passé les quelques pages qui détaillent, département par département, la liste des préfets et des nominations. A noté la très bonne postface, qui donne un éclairage sur l'art de survivre en politique en reniant ses convictions ou ses allégeance si besoin est !

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