Laurent Binet, HHhH, 2011-03-16, 4.5 étoiles

La bête blonde

Heidrich était un des plus hauts gradés dans la SS. On l'appelait "le boucher de Prague", ou encore "la bête blonde" (et il faut connaître la mentalité allemande pour comprendre que c'est un compliment, dit un résistant dans le roman). En 1942, le gouvernement tchèquoslovaque en exil à Londre décide d'envoyer deux parachutistes, un tchèque et un slovaque, afin d'assassiner Heidrich et redorer le blason de la résistance.

Laurent Binet raconte cet épisode héroïque, qui est en soit passionnant, mais il le fait d'une manière tout à fait inédite. Tout d'abord, l'auteur dialogue avec le lecteur : il explique pourquoi il est amoureux de Prague, de son peuple (et des beautés slaves). On comprend qu'il est passionné par tout ce qui concerne cet attentat héroïque. Il nous explique les scrupules qui l'habitent au moment de relater cette épisode important de la deuxième guerre : ne risque-t-il pas de trahir la vérité en transposant le récit historique dans le style romanesque ? Cette question revient tout au long de son livre, au moyen d'aparté avec le lecteur, un procédé que j'ai trouvé vraiment savoureux.

L'originalité du livre de Binet, c'est qu'il choisit de ne pas décider entre le genre romanesque et le récit historique : il combien les deux, il nous implique dans son processus d'écriture et il explique ses questionnements de romancier qui ne veut pas trahir l'Histoire (La mercedes de Heydrich était-elle verte ou noire ? Si elle était verte, alors qu'il l'a décrit comme noire, tout son roman ne risque-t-il pas d'être décrédibilisé ?)

J'ai énormément apprécié ce roman atypique, l'auteur possède un style bien à lui et une manière de raconter l'histoire tout à fait inédite. Son roman est passionnant, il permet de découvrir un personnage et une époque très particulière et est une belle démonstration sur la manière de raconter une histoire.

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