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Le dernier empereur, Jean Sévillia, 2010-02-17, 4.0 étoiles

La fin d'un empire

Nous avons tous lu "La marche de Radetsky" et vu "Sissi impératrice". Mais pour en savoir plus sur ce grand empire Austro-Hongrois des Habsbourgs, il faut lire cette biographie du dernier empereur de l'empire qui aura régné seulement deux ans, de 1916 à 1918. Cet empire est fascinant, car il recouvrait une mosaïque de pays et de langues, en ce sens il préfigure la grande Europe qui se met en place maintenant.

Pour faire court : il y avait François-Joseph, le grand empereur, celui qui apparait comme un personnage crépusculaire dans le fameux roman de Joseph Roth "La marche de Radetszky". C'était aussi l'époux de Sissi. L'homme avait 68 ans de règne derrière lui. Son successeur de premier rang était François-Ferdinand, le neveu de l'empereur ("Franz Ferdinand", vous connaissez ? Ce groupe aurait choisit son nom en l'honneur de l'archi-duc) : or François-Ferdinand est assassiné par des nationalistes Serbes en 1914, ce sera cet attentat qui déclenchera la grande guerre. C'est donc Charles, le neveu de François-Ferdinand, et le petit-neveux de François-Joseph qui devient empereur de la double monarchie : il devient Charles Ier en Autriche et Charles IV en Hongrie. Il n'est âgé que de 29 ans.

Son règne est difficile : c'est la guerre et les nationalismes sont exacerbés dans tout les coins de l'empire. Il faut savoir que l'empire Austro-Hongrois des Habsbourgs couvrait 13 états actuels (en tout ou en partie) : Hongrie, Autriche, Tchéquie, Slovaquie, Italie, Pologne, Roumanie, l'Ukraine, et quelques pays des Balkans). Charles œuvre pour la paix, mais l'Autriche-Hongrie n'est plus prise au sérieux par grand monde : la double monarchie semble un jouet manipulé par l'allié Allemand. Les alliés, et les français en particulier, lui mettront des battons dans les roues. C'est un peu cynique, mais on a l'impression que la géopolitique n'est qu'un jeux de sales gamins imbus d'eux-même. Et c'est toujours le peuple qui trinque. Pourtant, l'empereur avait un véritable programme social, nous dit-on dans le livre, et visiblement c'était un "brave type". A la fin de la guerre, il est destitué et exilé en Suisse : il fera deux tentatives courageuses pour reprendre le trône en Hongrie. Il sera finalement exilé plus loin, à Madère, ou il mourra assez vite. L'empire est démantelé : l'Autriche reste seule comme un petit état sans importance, de ces cendres naissent la Tchécoslovaquie et la Yougoslavie, la Hongrie perd beaucoup de territoires. Le vœux d'indépendance de l'Autriche vis-vis de l'Allemagne sera quand même respecté.

Charles a été déclaré bienheureux en 2004 par le pape Jean-Paul II. Il faut savoir que le père de Jean-Paul II avait servi comme officier polonais pour l'empire et avait été décoré. Le livre insiste sur l'aspect chrétien du dernier empereur, son fervent catholicisme, à tel point que parfois on a l'impression de lire une hagiographie. Il n'en reste pas moins instructif et intéressant pour découvrir cette page de l'histoire. Et la vie de cet empereur courageux, très triste, ne laisse pas indifférent. L'auteur mentionne la polémique qu'a suscité cette béatification, certains historiens considèrent en effet Charles comme un simplet, mais ceci n'enlève rien à l'intérêt historique du livre. De toute façon, l'histoire est toujours écrite par les vainqueurs, et on lui fait souvent dire ce qu'on veut...

Je lis dans le livre que Charles, en visite en Angleterre avant d'être empereur, s'était arrêté à Ostende pour saluer le roi des Belges, sur les recommandations de François-Joseph. Grâce à wikipédia, j'ai démêlé un peu l'écheveau des alliances royales par mariages entre les Habsbourgs et les autres, et c'est très compliqué. Pour la petite histoire, sachez que le fils de François-Joseph, Rodolph, était marié à Stéphanie de Belgique. Mais peut-être existe-t-il d'autres liens qui m'ont échappés ?

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