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Une semaine de vacance, Daniel Charneux, 2004-02-23, 4.0 étoiles

A la recherche du temps perdu

Le temps perdu est parfois du temps gagné. L’ennui est ce qu’on a trouvé de mieux pour empêcher le temps de passer trop vite, nous dit en substance le narrateur au début du roman. Ce qui me le rend d’emblée sympathique, car sa théorie est très juste. Je crois qu’on peut expliquer ainsi le bonheur qu’on éprouve chaque été à traîner devant le tour de France, plaisir pervers de rester dans son fauteuil qui n’en est que plus grand lorsqu’il fait magnifique dehors.

Pour le narrateur, donc, en vacances il s’agit avant tout d’éviter l’hyperactivité des touristes consciencieux. Pèlerin dans l’âme, il décide de parcourir la France entière à raison de deux fois sept jours de vacances par an. Cette fois-ci, le sort a décidé que ce sera la Creuse, un département de la France profonde (il choisit sa destination au moyen de fléchettes !).

Sept jours de marche dans la Creuse : il y a matière à s’ennuyer, ce qui est le but. Quand on s’ennuie on a le temps de penser, et finalement penser c’est ce qu’il y a de mieux pour s’analyser et si tout va bien se trouver une (nouvelle) raison de vivre. Car le narrateur est arrivé au midi de la vie sur une voie sans issue : sa femme Elodie, qu’il aime toujours, est partie et il est un peu en perdition. Son « pèlerinage » est clairement une quête de sens, un voyage dans sa mémoire aussi, il va ressasser le temps perdu, mais avec l’espoir de trouver le trésor enfouit à la découverte duquel le personnage de l’évangile vend tout ses biens afin d’acquérir le champ qui contient ce trésor.

Bon ça c’est ce que je croyais, et c’est une partie que j’ai beaucoup aimé dans ce roman ! Mais une fois le livre terminé je me dit que finalement rien n’est simple ! Et que parfois on croit parfois connaître les autres alors qu’en réalité…

C’est un livre qui se lit vite, avec délectation. Du même rythme alerte que les pas de ce personnage qu’on devine intelligent, cultivé mais qui surtout manie l’art de ne pas se prendre trop au sérieux (je parle du narrateur mais on a l’impression que l’auteur est comme ça aussi). Et heureusement l’auteur a le bon goût d’éviter les clichés qu’on rencontre parfois dans ce style de roman. L’écriture est belle, savoureuse par moment. Un seul regret : le narrateur – peut-être trop cérébral pour cela ? – semble déconnecté de la nature : j’aurais aimé qu’il me parle des platanes sur les places des villages, du soleil brûlant, des pins, du ciel étoilé lorsqu’il dort dans sa tente igloo, des champs de blés,... Heureusement il nous fait partager quelques belles rencontres avec les gens du cru, notamment le couple mère – fille de l’épisode de l’église ou plus encore le couple du début, deux vieux sympas, qui ont réalisés le sens de leurs vies dans ce que le narrateur n’a pas réussi : une descendance.

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