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Les feux de l'automne, Irène Némirovsky, 2009-07-17, 4.0 étoiles

Humilité et résignation

J'aime Irène Némirovsky. Chacun de ses livres me procure le même frisson, et le même plaisir. Elle a une écriture racée, et l'art de créer des romans dans le meilleur sens du terme: créer des personnages puissants, à travers lesquels elle exprime un faisceau de réflexion sur la vie, l'amour, et tout les grands sentiments qui parcourent une existence. Je retrouve chez elle les sensations que donne les grands auteurs russes (Némirovsky était une juive Ukrainienne, exilée en France).

Dans ce roman, elle raconte l'histoire de deux familles françaises de la petite bourgeoisie, depuis 1914 jusqu'à la fin de la seconde guerre. Outre le contexte social, c'est la puissance romanesque qui nous emporte. Comme souvent, l'auteur utilise différents personnage pour exprimer toute la palette des passions et des sentiments humais: l'amour, la jalousie, l'héroïsme, la lâcheté.. Et puis aussi la résignation de la jeune femme amoureuse délaissée, la faible qui ne peut opposer que son humilité aux épreuves de la vie. C'est vraiment admirable!.

Bref, je suis conquis par le style et l'intelligence de Némirovsky. J'ai du mal à comprendre comment une femme si jeune pouvait tellement bien comprendre la vie, et ses multiples facettes, de la passion de la jeunesse, au "feux de l'automne" qui brûlent les anciens sentiments et permettent de revivre une deuxième, puis une troisième vie. Le personnage le plus remarquable est la vieille Madame Pain, qui au moment de mourir pense philosophiquement à la vie en ces termes "Ma pauvre Thérèse... Elle a la vie douce; oui... Mais ça ne suffit pas, quand on est jeune... Il faut des larmes, de la passion, de l'amour, des aventures... Plus tard on se résigne à sa petite existence tranquille. Puis on ne demande qu'une chose au bon Dieu: continuer! Continuer à éplucher les légumes, jour après jour, pour la soupe, à descendre chercher son lait chez la crémière, à lire le feuilleton du Petit Parisien, à sucers des pastilles de menthe qui font l'haleine fraîche... Pas autre chose, mon Dieu, et le plus longtemps possible. C'est le moment que Dieu choisit pour envoyer chez vous un ange du ciel qui vous saisit et vous entraîne, que vous le vouliez ou non, vers la suprême aventure, pleine d'ombre et de mystère.."

Bref, ce livre est un régal. Il est un peu inégal quand même, (au contraire de Suite Française qui est un chef-d'œuvre de bout en bout), il y a bien quelques passages un peu faibles mais c'est compensé par des scènes époustouflantes (la première page, qui raconte un dimanche dans la petite bourgeoisie avant la première guerre, est une merveille).

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