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Les règles de la fiction, Edith Wharton, 2008-08-18, 4.0 étoiles

L'art de la fiction

Dans cet essai, Edith Wharton réfléchit et théorise sur son art, celui d'écrire de la fiction. Les règles ne sont pas tout évidemment, et on ne peut pas tout formaliser ("Les règles générales en art sont utiles comme une lampe dans une mine ou comme la rampe d'un escalier ; elles servent à nous guider, mais ce ne sont pas elles qui nous font avancer".), n'empêche qu'il y a des techniques et des considérations qui permettent d'appréhender pourquoi certains romans restent dans l'histoire de la littérature comme des chef-d'oeuvres et d'autres pas. Et puis Wharton a une culture et une érudition incroyable. Balzac, Tolstoï, Stendhal pour les continentaux reviennent constamment, James (qui était son maitre), Jane Austen, et bien d'autres pour les anglo-saxons. Elle nous fait découvrir plein d'auteurs, en mettant en évidence leur particularité, et de livres qu'on a envie de lire.

Sa réfléxion couvre tout les aspects de l'écriture. Le style ("la façon dont les épisodes sont "saisis et colorés" par l'esprit de l'auteur"). La forme. Le sujet. La façon d'introduire les personnages : à la manière de Tolstoï dans "La guerre et la paix", qui débute par un bal dans lequel l'auteur introduit tout ses personnages d'un coup, à la manière de Dostoïevski dans "Les frères Karamzov", ou tout aussi géniale la manière de Stendhal dans "Le rouge et le noir". Le choix entre roman et nouvelle, en fonction du sujet. "L'attaque" : il faut savoir commencer l'histoire au bon moment (par exemple Wharton nous dit que Stendhal s'est planté dans la Chartreuse de Parme en dépeignant sa superbe scène de la bataille de Waterloo trop tôt dans le livre). Elle parle de la supériorité de la narration sur le dialogue dans le roman, la manière de passer d'une conscience à une autre pour embraser tout les points de vues, la différence entre les romans de mœurs et de situation, et la suprématie des premiers sur les deuxièmes...et pleins d'autres choses.

Le dernier chapitre est consacré à Marcel Proust qu'elle considérait comme le plus grand, même si elle n'a jamais voulu le rencontrer car elle trouvait une bassesse morale à Proust (Jean Pavans, dans la préface, montre en quoi Wharton se trompait à cet égard).

Ce petit livre, superbement écrit, est très intéressant pour réfléchir sur la manière d'écrire de la fiction, mais aussi pour mieux comprendre les techniques utilisées et pourquoi certaines fictions ont prises sur nous et d'autres pas.

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