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Ethan Frome, Edith Wharton, 2003-12-19, 4.5 étoiles

Un modèle du genre

Si je devais donner un cours sur l'art de construire un roman, Ethan Frome serait un modèle parfait. Par sa construction, sa concision, son style sobre bien adapté à l’histoire et à son cadre, ce petit livre qui parle d’un thème archi-connu - celui de amour impossible – est à mon sens une petite merveille.

Edith Wharton choisit de placer son récit dans un petit village rural de la Nouvelle-Angleterre, en plein hiver. Paysages splendides et merveilleusement dépeints. Mais les conditions de vie sont rudes et cela n’est pas sans effet sur le caractère des gens : des gens simples, un peu rustres même, durs à la tache. On est loin du monde sophistiqué de la haute société dans lequel se meuvent habituellement ses personnages. Elle adapte son style : il se fait plus sobre et elle laisse de coté son humour satirique.

L’histoire est celle d’Ethan Frome, homme taciturne et droit, qui s’étiole dans un mariage malheureux avec une femme acariâtre et plus vieille que lui. Son seul rayon de soleil est la présence de Mattie, une cousine de sa femme qui fait office de bonne. La passion, qui s’exprime de façon très retenue, couve entre Ethan et Mattie, mais voila : Ethan est marié, sa femme est malade, ils sont très pauvres,… Le thème est connu mais le traitement est inhabituel, la mise en place de l’histoire d’abord et surtout la fin très étonnante.

Edith Wharton écrivit ce livre en 1911, alors qu’elle est au sommet de son art. Elle est aussi dans une période mouvementée sur le plan privé, son mariage est un échec et elle vit une passion adultère sans espoir : cela sera indéniablement une source d’inspiration. Comme je l’ai dit elle s’éloigne de son territoire habituel, qui est celui de la haute société new-yorkaise, mais finalement en y pensant le destin d’Ethan Frome n’est vraiment pas éloigné de celui de Lily Bart l’héroïne de son premier roman « La Maison de Liesse » : tout deux sont privés du bonheur auquel ils auraient droit à cause des conventions sociales ou morales et le manque d’argent.

Bref : lisez sans hésiter ce petit roman ! Devenu un classique de la littérature américaine, on en a tiré un film (mais Folfaierie le déconseille sur le forum de « La maison de Liesse »). Le texte est tombé dans le domaine public et est disponible en ligne (et en anglais) sur plusieurs sites.

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