Les photos

Cathédrale Notre Dame d'Amiens (France,Amiens)

Style:Gothique


Visite lors de mon pèlerinage vélo à Lisieux en 2006. Avant en 2003 lors d'une visite à Anne en Normandie. Aussi en aout 2007.

La cathédrale d'Amiens est la plus grande de toute, et la plus belle. C'est l'apogée du gothique : la preuve à Beauvais ils ont voulu faire plus haut mais ils ne sont pas parvenu et le choeur s'est effondré. Pour la petite histoire retenez que la hauteur sous voûte à Amiens est de 42 mètres, la longueur de l'ensemble est de 145 mètres. Sachez-aussi que Amiens comptait onze mille habitants à l'époque et qu'ils pouvaient tous tenir dans l'édifice ! En volume Amiens pourrait contenir deux fois Notre-Dame de Paris. Personnellement je n'ai jamais ressenti un tel élan vertical en contemplant le choeur d'Amiens, ça donne véritablement le tournis, à part à Cologne dont le choeur est fortement inspiré de celui d'Amiens. La cathédrale d'Amiens a été construite très vite : de 1220 à 12269 (à l'exception des chapelles de la nef). C'est exceptionnel et cela explique la parfaite homogénéité de l'ensemble. Il faut retenir aussi que Amiens est la cadette de Laon (1160 pour le début des travaux), Chartres (1195), Reims (1211), et surtout Notre-Dame de Paris (début des travaux en 1163) dont Amiens s'inspire fortement. Amiens va à son tour être source d'inspiration, et si vous avez la chance après Amiens d'aller à Cologne vous verrez en effet une grosse similitude entre les deux choeurs.

Je ne sais pas quel est le meilleur côté pour aborder la cathédrale la première fois. Proust recommande de monter la rue untel, qui donne sur le portail sud, il recommande aussi de s'arrêter à la pâtisserie untel pour prendre un repos et aborder la cathédrale dans la meilleure disposition qui soit. L'avantage c'est qu'on est accueilli par la vierge dorée, une statue magnifique car la vierge est résolument déhanchée et souriante, elle semble posée là pour accueillir le visiteur (note : c'est un moulage en résine maintenant qui nous accueille, l'original, rénové, est à l'intérieur. A propos de la rénovation, pour ou contre ; c'est un trop vaste débat pour ici mais je suis plutôt pour). Revenons à la meilleure manière d'approcher Notre-Dame : cela peut paraître anecdotique mais en fait c'est très important car on n'oublie pas la première fois. Chaque fois que je pénètre dans la cathédrale je repense à ma première visite, au choc que j'avais eu : c'était en 2003, par une journée ensoleillée et très lumineuse : j'étais arrivé par le nord. L'avantage c'est qu'on arrive par le beau côté de la ville, les canaux, et on voit la cathédrale qui surplombe et s'insère parfaitement dans la vue de la cité. Ceci dit c'est amusant aussi d'arriver par la place Gambetta, en prenant le piétonnier de la rue Dusevel, car alors on voit la façade principale (ouest donc) se dévoiler petit à petit.

Quoiqu'il en soit, si vous disposez de deux jours, je vous recommande de ne pas rentrer à l'intérieur le premier jour, il vaut mieux réserver le premier jours à la façade et se préparer. En plus vous entrerez à 8H30 du matin, quand il n'y a personne. Et si par chance il fait beau (ce n'était pas le cas pour moi : il a plu tout le temps !), j'imagine que le soleil qui se lève dans le choeur ça doit être quelque chose. A l'extérieur il y a de quoi faire avec l'extraordinaire foisonnement de statues (la Bible de Amiens dit Ruskin, une Bible de pierre mais aussi de bois (cfr les stalles)). Il y a la vierge dorée, sur l'entrée sud, qui est archi-connue. Le beau Dieu du portail principal est, dit-on, la statue la plus réussie. Mais ma préférée, celle qui m'attire comme une mouche, c'est la statue de Marie mère de Dieu du portail sud sur la façade principale. Cette statue me fascine. On y voit une Marie conquérante, qui marche sur le serpent (représentation du péché), avec un visage plein (un peu rebondi même), un soupçon de sourire, enfin une expression difficilement discernable, sorte d'amusement hautain et supérieur mais plein de bonté. J'ai rarement vu un visage aussi plein de vie sur une statue, ce visage remonte dans ma mémoire et semble rassembler celui de toute les femmes que j'ai pu aimer. D'ailleurs il y a une peinture de Louis Janmot, Fleur des champs, avec une femme qui a le même visage (aller au musée des beaux arts de Lyon, sinon sur cartes postales). Les nuits d'été, lors des illuminations, elle se pare de bleu et de rouge, c'est tout simplement féérique. La place devant la cathédrale est parfaite pour contempler la façade : on peut s'y assoir et contempler la cathédrale, en attendant le début du spectacle (l'illumination est vers 22H en aout).

A l'intérieur c'est le choc. "Un vaste réservoir d'air et de lumière" dit Violet-le-Duc, il y a vraiment de ça. Proust, lui, conseille de se tenir à la croisée de transept Sud et d'observer la futaie pétrifiée de colonnes. Si ça ne vous donne pas le grand frison, dit-il en substance, alors il vaut mieux sortir et peut-être que vous êtes plutôt fait pour visiter des hals de gare ! Pour moi le point stratégique c'est le fond de la nef : on se sent écrasé et en même temps aspiré; notre âme veut s'envoler vers la voûte, la lumière et l'élévation, la légèreté, tout nous aspire vers le haut, et au final on est comme écartelé. C'est presque douloureux. Sinon comme toujours la croisée du transept, car le regard se perd dans les colonnes, les rayons de soleil, on cherche constamment à retrouver la sensation bizarre que donne ces voutes et ces vielles pierres. Ca donne vraiment le tournis.

Si il vous reste des forces, il y a les stalles (visite tout les jours à 15H30) qui sont les plus belles du mondes (il y a plus de 3000 sculptures). Le pourtour du choeur, un retable de la renaissance avec du côté sud l'histoire de Saint Firmin et du côté nord l'histoire de Saint Jean Baptiste.

Le petit livre de Maurice Crampon est formidable : ce n'est pas un guide touristique mais plutôt une référence. Il détaille le mobilier et le statutaire extérieur, c'est indispensable pour pouvoir comprendre de quoi il s'agit. C'est très sobre, pas d'envolées lyriques (il faut lire Proust ou Ruskin pour ça), mais une mine de renseignements indispensables à la compréhension.